Rendre vie au patrimoine musical wallon grâce à Internet
Récolter, numériser, commenter et rendre accessibles en ligne toutes les archives sonores et écrites qui témoignent de la musique traditionnelle wallonne, éparpillées chez une multitude de particuliers et menacées de disparition, suite à la dégradation progressive des supports : c’est le projet ambitieux dans lequel se sont lancés Julien et Marie-Hélène Maréchal, les bibliothécaires de l’IMEP, l’Institut supérieur de musique et de pédagogie de Namur. Baptisé « Projet Melchior »en hommage à une accordéoniste de Malmedy, il a été présenté officiellement ce samedi au Folk Festival de Marsinne, dans le cadre d’une conférence illustrée par des extraits musicaux interprétés en live.
« Nous sommes partis du constat que les musiques traditionnelles wallonnes sont assez peu pratiquées en Wallonie, notamment parce que le répertoire est inédit : les musiciens n’y ont pas accès, ce qui est assez problématique », raconte Julien Maréchal à la RTBF. Alors que les « bals folk » connaissent un succès durable en Wallonie, on constate que les musiques qu’on y entend viennent le plus souvent d’ailleurs en Europe. Selon les bibliothécaires de l’IMEP, cette situation a entraîné l’émergence de divers préjugés inexacts : il n’y aurait pas vraiment de musiques proprement wallonnes, elles seraient inintéressantes et, de toute façon, on n’en aurait pas conservé beaucoup.
Un corpus éclectique
Il est vrai que parler de « Wallonie » est un peu abusif : ce territoire est en fait composé d’ères culturelles bien distinctes. « Dans les faits, ça rassemble des réalités et des types de traditions différents : celle du violon ardennais, celle de la cornemuse… La musique de bal n’a rien à voir avec la musique des marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse », explique Julien Maréchal. L’étiquette « musiques traditionnelles wallonnes » désigne donc un corpus éclectique. Parmi tous les écrits et les enregistrements issus des collectages, la majorité (70 %) sont des chansons (enfantines, de veillée, de fête ou de travail). On retrouve également une grande quantité de musiques à danser, c’est-à-dire servant à animer des bals, quel que soit l’instrument. Parmi ces musiques, une tradition spécifique se distingue des autres : les arguédènes. Les bibliothécaires de l’IMEP les définissent comme des « airs à danser joués par des musiciens de fanfare en petits groupes, pratiqués autrefois dans toute la Belgique, mais qui ont survécu surtout dans le Hainaut et le sud de Namur ». Enfin, le corpus se compose également de musiques liées aux grandes manifestations festives : le Doudou, le Carnaval de Binche et les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
La Belgique étant un carrefour, la musique wallonne est traversée de plein d’influences (de France, d’Angleterre et d’Allemagne). Elle est aussi marquée par les villes, comme le territoire est très urbanisé : elle devient très tôt tonale, alors que d’autres musiques, comme la musique traditionnelle bretonne, restent modales. « Il y a énormément de tonalités majeures dans la musique wallonne, ce qui en fait une musique très souriante, par rapport à la musique irlandaise, par exemple, qui est beaucoup plus empreinte de nostalgie ou parfois même de douleur », décrit Julien Maréchal.
Outre le chant, l’instrument roi est le violon (notamment dans les Ardennes). L’accordéon (d’abord diatonique, puis chromatique), qui envahit toutes les musiques populaires d’Europe au 19e, est important également, de même que la flûte à bec et le saxophone. Dans le Hainaut, il y a eu une tradition de cornemuse, mais dont on n’a malheureusement conservé aucun enregistrement. Les danses étaient assez chorégraphiées, héritées des contredanses (où les couples, en vis-à-vis, exécutent diverses figures). La plus représentative, selon Julien Maréchal, est la maclotte, héritée de la matelote française. Il y a également l’amoureuse, l’allemande et les nouvelles danses de couple en position fermée : la polka, la mazurka, la valse.
Une interruption de 50 ans
La disparition des musiques traditionnelles commence dès la seconde moitié du 19e, dans tout l’Occident, avec le développement des moyens de communication et de transport, qui entraîne une globalisation de la culture, constituée jusque là de particularismes locaux. Le coup de grâce est donné avec l’arrivée des musiques anglo-saxonnes dans l’entre-deux guerres. Il faudra attendre les années septante pour voir émerger le revivalisme, un mouvement qui provient des États-Unis. Pete Seeger, dans une « Lettre aux jeunes du monde entier », plaide, en 1972, pour une musique plus enracinée dans les lieux. Dans la foulée, « plein de gens essaient de collecter les musiques de chez eux, des musiciens, pas des institutions, donc ces collectages ne sont pas faciles d’accès », explique Julien Maréchal. « Ils ont souvent lié une relation avec les musiciens, ils apprenaient à jouer dans le style avec eux ». Les bals folk actuels sont les héritiers de ce phénomène, mais le bibliothécaire insiste sur le fait qu’il y a eu une rupture : « il y a une interruption de 50 ans et, surtout, la musique a changé de contexte : elle était pratiquée dans un milieu paysan (notamment dans les Ardennes), puis elle a été reprise par des gens plutôt issus de la ville, avec une formation intellectuelle ».
Le projet Melchior a donc pour but de centraliser les différents collectages. Les plus anciens datent de la seconde moitié du 19e siècle. Beaucoup proviennent de particuliers, notamment Roger Pinon et Françoise Lempereur. Le MIM a également envoyé, à l’époque, des gens sur le terrain, ainsi que le Musée de la vie wallonne. Chaque extrait sera numérisé et mis à disposition de tous sur un site Internet qui est encore en projet, accompagné d’une description précise permettant de le remettre en contexte. L’objectif des bibliothécaires de l’IMEP est double : « rendre l’accès à toute la musique Wallonne collectée en Wallonie, mais aussi la faire vivre, pas en faire un musée ». Pour ce faire, ils misent à la fois sur le dynamisme du mouvement folk et sur l’intérêt pédagogique de certains contenus. Le site devrait voir le jour et être accessible au grand public d’ici un an.
Pour accéder aux vidéos, cliquez sur ce lien :
https://www.rtbf.be/culture/musique/chanson-francaise/detail_rendre-vie-au-patrimoine-musical-wallon-grace-a-internet?id=10311480
Photo: Carole Ledent
Projet Melchior – Rencontre autour des musiques traditionnelles de Wallonie
Le projet Melchior vous invite à l’occasion de la sortie de sa nouvelle plateforme!
Mardi 26 septembre 2023
10H00 -18H00
Salle de concert de l’IMEP
Rue Henri Blès, 33A 5000 Namur
Rencontre autour des musiques traditionnelles de Wallonie
Présentation de la nouvelle plateforme de Melchior Interventions de Françoise Lempereur, Margaux Liénard et Marielle Vancamp
Table ronde animée par Aurélie Giet
Concert et drink
Inscription (souhaitée) avant le 18/09/23: billetterie@imep.be
Plus d’infos: 081736437
Téléchargez le folder en cliquant sur ce lien:
Section Pédagogique de l’IMEP
NEW ! Nouvelle formation pédagogique à l’IMEP dès septembre 2023 !
Envie de transmettre ta passion pour la musique ?
Rejoins la dynamique section pédagogique de l’IMEP… pour un :
Bachelier et Master en enseignement de la musique :
éducation musicale et formation musicale
Le « Master en enseignement de la musique : éducation musicale et formation musicale » ouvre la voie de l’enseignement de la formation musicale en académie de musique et de la musique en école de jour. Il s’agit d’un programme de cours unique en Fédération Wallonie-Bruxelles, basé sur une pédagogie active et vivante où l’étudiant est placé au centre de la formation.
Engagé depuis plus de 50 ans dans le domaine de la pédagogie musicale, l’Institut Royal supérieur de Musique et de Pédagogie (IMEP) organise ce programme d’études en tant qu’établissement référent, en co-diplômation avec l’Hénallux (cours de didactique et de pédagogie générale) et l’UNamur (cours de philosophie et éthique, méthodologie de la recherche).
Dans le cadre de ce Master en 4 ans (3 années de Bachelier + 1 année de Master), l’équipe pédagogique responsable de la formation accompagne chaque étudiant de manière individuelle, dans son parcours académique, pédagogique et musical. Fortement ancré dans sa tradition pédagogique, l’IMEP offre à ses étudiants un terrain d’application résolument tourné vers l’avenir, en accueillant des classes d’enfants au sein de sa yourte pédagogique.
Profil de l’étudiant
Un métier essentiel où l’art, la musique et la culture se partagent et se transmettent…
Une profession aux multiples facettes, pour des profils artistiques variés…
Le « Master en enseignement de la musique : éducation musicale et formation musicale » s’adresse au musicien qui souhaite enseigner et transmettre sa passion pour la musique à des groupes aux profils et aux âges variés.
Féru de musique – non seulement classique mais aussi musique populaire ou traditionnelle –, l’étudiant de ce cursus est prêt à s’investir dans l’apprentissage du chant, du piano, de la théorie musicale (formation musicale, analyse et écritures), et dans la mise en pratique, l’analyse et la conception d’outils pédagogiques axés sur l’enseignement de la musique.
Futur pédagogue, l’étudiant en enseignement de la musique est prêt à suivre une formation aux contenus pédagogiques généraux et approfondis en parfaite adéquation avec la finalité du cursus et indispensables à la construction de son profil d’enseignant, et à s’engager rapidement sur le terrain dans diverses situations de stage.
Débouchés du programme
100 % des diplômés trouvent du travail !
Le « Master en enseignement de la musique : éducation musicale et formation musicale » permet d’enseigner
→ l’éveil musical, la formation musicale et le chant d’ensemble en académie de musique (ESAHR)
→ la musique en école de jour, de la 3e primaire à la 3e secondaire.
La formation offre également la possibilité de construire sa propre personnalité musicale grâce au développement de compétences variées :
-
maîtriser sa voix, son corps et un instrument accompagnateur en tant qu’outil du musicien ;
-
vivre, concevoir et mener des projets musicaux de qualité ;
-
acquérir des techniques d’apprentissage pour favoriser la pratique musicale, l’ouverture culturelle, la créativité, la maîtrise technique, l’intelligence artistique et l’autonomie ;
-
mener des recherches et développer un intérêt pour des champs musicaux variés ;
-
devenir un acteur culturel dans la société.
Informations complètes : Présentation du MES3_2023-2024
Présentation de la section pédagogique :
Rejoignez aussi la page Facebook « IMEP Jeunes Oreilles »
et découvrez la saison musicale pour enfants organisée par la Section pédagogique.
Formations pédagogiques en cours (en application avant la mise en route la nouvelle formation en enseignement)
Pour enseigner la musique dans les écoles de jour
♫ BAC AESI : 3 ans
Des études aux multiples facettes, où la personnalité musicale de chacun peut s’exprimer et qui mènent à une Agrégation pour l’Enseignement Secondaire Inférieur.
♫ MASTER EN EDUCATION MUSICALE : 2 ans
Pour se spécialiser dans l’enseignement de la musique aux enfants. Pour transmettre vos compétences pédagogiques et musicales à des étudiants du secondaire supérieur et
aux professionnels de l’éducation.
Pour enseigner la formation musicale en académie
♫ BAC EN FORMATION MUSICALE : 3 ans
Des études à la fois musicales et pédagogiques pour comprendre les objectifs et les enjeux de l’enseignement de la formation musicale.
♫ MASTER EN FORMATION MUSICALE : 2 ans
Un titre pédagogique pour enseigner la formation musicale.
Les possibilités de passerelles
Tout autre BAC (instrument, chant, informatique musicale) peut mener au Master en EM ou FM.
Dernier spectacle de créativité (réalisation vidéo : Charlie Guillaume)
Ateliers musicopédagogiques à destination des professionnels de l’éducation
Télécharger le flyer « Ateliers musicopédagogiques à destination des professionnels de l’éducation »
Compte rendu de la formation du 12 mars « musique et art d’apprendre »
Comptes rendus des ateliers des journées pédagogiques (18/02 et 19/02 2017) :
Samedi Polyphoneasy
Samedi Histoire de l’art Le mythe d’Orfée
Samedi Percussions
Dimanche Cours de Fm avec instruments
Dimanche Créativité à l’instrument
Dimanche Corporythme
Résumés des ateliers du Samedi pédago’Zique (15/02/2020) :
Catherine Debu Chansons Ma’ziques
Debu Stuyckens Vivre les formes musicales
D. Debucquois Fonctions exécutives