348435881_771671537915167_8285376366998156302_n - copie

Introduction

Présentation du cours de violon baroque

François Fernandez

Objectif général

Le métier de violoniste-altiste baroque est complexe et exigeant. Le répertoire est en effet vaste : littérature solo, concertos, musique de chambre, musique orchestrale, musique religieuse, et opéra. Pour préparer au mieux l’étudiant(e) à la vie professionnelle, il est indispensable que ces différents genres soient abordés en détail et intégrés dans sa formation.

Objectifs particuliers

Voici le cheminement de 5 ans qui commence ainsi en B1: Découverte des différentes couleurs sonores du « violon baroque » suivant quel type de chevalet, du plus clair au plus sombre: Modèles 17è siècle, Stradivari, Tartini, à double coeur, viennois, (devenu notre chevalet moderne) modèle sans cœur (Paganini). Apprentissage de la technique ancienne pure en “chin-off” véritable, qui est abordée en passant par l’étape de le position sous la clavicule, afin de se défaire d’abord des réflexes de blocage-rattrapage par le menton. Après le dépassement de la peur de laisser chuter l’instrument, et l’acquisition graduelle d’équilibre, les épaules se libérant, la posture deviendra plus propice au jeu dansant, (le violon ayant été l’instrument du maître à danser jusque la 2è moitié du 19è siècle).

Les traités anciens de base seront:

– Jean Joachim Quantz « essai d’une méthode pour apprendre à jouer de la flute traversière » (les parties éclairant l’ornementation, les règles des coups d’archet, les spécificités de l’alto, la hiérarchie des dissonances, bref les 2/3 de ce document primordial, avec un coup d’oeil à quelques extraits choisis des « Solfeggi » du même auteur).

-Francesco Geminiani

-Leopold Mozart.

Les changements de positions tels que décrits par Geminiani sont abordés avant l’acquisition d’une stabilité totale. Puis, le violon placé SUR la clavicule mais toujours sans menton, on adapte la technique du démanché acquise en position basse, puis on apprend la technique Kuijken de démanchés en crémaillère. Ceci au rythme des progrès de l’élève.

Familiarisation aux notations anciennes, visibles dans les fac-similés: caractères mobiles à portées discontinues, manuscrits autographes, et apocryphes. Apprentissage du dépistage de fautes.

Apprentissage de la justesse dans les tempéraments anciens, en 1er lieu: (le tempérament le plus lointain du tempérament égal, mais aussi le plus régulier dans sa différence): le tempérament « mésotonique », par lequel les tierces majeures des accords sonnent pures (c’est-à-dire ayant un dénominateur commun, une proportion mathématique de 5/4, qui fait que l’écoute des 2 sons simultanément ne laisse pas entendre de battements.)

Puis à partir de Bachelor 3, graduellement aussi les tempéraments plus tardifs, moins réguliers, moins purs, mais qui permettent de moduler plus loin (pour les claviers qui accompagnent les violonistes, n’ayant qu’une seule touche pour

-MI# qui doit être BAS comme tierce majeure au dessus de do# (lui-même ‘bas’), et pour

-FA, qui doit être assez HAUT pour faire une tierce moins impure avec le LA au dessus de lui, qu’en tempérament égal.

Apprentissage de l’art de la « diminution » (par exemple: joliment remplacer une pénultième ronde, par des triples croches selon des motifs ondulants, afin de confirmer le caractère conclusif).

C’est l’ouvrage de Philippe Matharel réunissant la plupart des « diminutions » anciennes issues de traités, qui nous sert de référence.

Les 4 clés du violon, clé française: sol 1ère, clé italienne: sol 2ème, ut 1ère (pour jouer colla Parte avec les sopranos), fa 3ème chez Vivaldi par exemple, quand les violons Tutti ont fonction de basse par rapport au violon solo. Enfin, maîtriser la clé d’ut 3 au violon, peut s’avérer utile pour être capable d’y jouer la partie de « haute-contre »: la voix la plus aiguë des 3 de remplissage de l’orchestre de Lully par exemple. Donc idéalement 5 clés.

Apprendre la maîtrise de l’alto baroque. En clé d’ut 3 d’abord, mais aussi en clé de fa, pour pouvoir se joindre à un continuo. Il peut arriver que le compositeur indique « col Basso » sans rédiger cette voix en clé d’ut. Le professeur dispose de 30h annuelles de cours de « déchiffrage et transposition » pour avancer dans les compétences listées plus haut, en cours tantôt individuels, tantôt collectifs. « Déchiffrage » signifiant pour nous: découverte de répertoire, et « transposition » gardant sa signification.

Les répertoires violonistiques des 5 pays principaux France Allemagne Italie Angleterre, Espagne, aux différentes époques. Prise de contact avec les ornementations italiennes anciennes. D’abord celles de Corelli éditées par Roger à Amsterdam. Ensuite les plus tardives et internationales (sonates op 5 de Corelli édition Bärenreiter, qui donne jusqu’à 7 variantes par adagio).

Les apports d’ornements personnels d’abord français puis mélodiques italianisants, en suivant la pédagogie du traité de J.J. Quantz. En B3, l’étude de Concertos est entamée, et comment devenir « violon conducteur »: la gestuelle pour entraîner un groupe, un orchestre.

En Master 1 Les Scordatures seront abordées dans l’ordre suivant: sol-ré-la-RÉ – LA-MI-la-mi – LA-MI-la-RÉ – LA-ré-la-RÉ. (Les 11 autres proposées par Biber, peuvent bien sûr être abordées si les élèves le désirent, mais elles demandent de changer une ou plusieurs cordes…).

Les études sont rythmées par des « évaluations », en janvier et juin, en présence de jurys spécialisés. Le total de ces 2 prestations doit s’élever à minimum 45 mn, comprendre des oeuvres italiennes, allemandes, françaises.

Le diplôme de Master 2 pourra couronner les 5 années d’étude du violon « baroque », sans nécessairement inclure d’oeuvres « classiques » au récital final. Par contre, à côté d’un programme varié au violon avec continuo, et si possible plus d’intervenants, un concerto de violon avec cordes, devra avoir convaincu le jury.

L’IMEP: la pratique au cœur de l’apprentissage!

L’IMEP: la pratique au cœur de l’apprentissage!