Au lointain de la surface des fonds de Pierre Bartholomée

Notre Institut de musique et de pédagogie, s’enorgueillit de s’intéresser à toutes les formes musicales, balayant l’idée qu’il existerait une musique savante et une musique populaire. Les musiques populaires d’hier ne sont-elles pas les musiques savantes d’aujourd’hui ? En 2024, notre Institut envoyait, quasiment concomitamment, une artiste au Reine Elisabeth et un artiste en finale de The Voice.

La présente publication est le reflet de notre volonté de poursuivre l’étude et la création des différents langages musicaux et ce avec la collaboration d’artistes de renommée internationale.

Ainsi, le 26 août 2024, l’immense compositeur Pierre Bartholomée, en complicité avec le pianiste Georges Deppe (professeur honoraire de l’IMEP), s’installa dans notre Salle de concert pour réaliser une captation d’Au lointain proche de la surface des fonds, œuvre récente de Pierre Bartholomée.

Nous vous proposons de découvrir cette captation, qualifiée de « fascinante » par notre directeur, Monsieur Guido Jardon.

Une note d’intention du compositeur peut être consultée dans la continuité de cette page.

Dans Glissement, deuxième poème de son recueil Jours de silence, Henri Michaux écrit (deuxième vers) : Frémissements à la surface des fonds. « La surface des fonds », image saisissante. Qu’y a-t-il sous les surfaces ? On songe à telle ou telle mythique cité engloutie. On songe peut-être aussi à ces paysages qui reverdissent après de terribles batailles. Ou, qui sait, à tout ce qui, sans que nous n’en sachions rien, se meut hors du visible.

Au moment où je lisais ce vers de Michaux, je venais de terminer la composition d’une pièce pour piano et je lui cherchais un titre. Réfléchissais-je un peu inconsciemment à ce qui gît au cœur d’un moment de musique ? Les sons et les motifs qu’ils dessinent, de quoi seraient-ils la surface ?

Quelque chose s’est alors noué entre la pièce qu’il me fallait doter d’un titre et une partie du vers d’Henri Michaux. L’ambiguïté des quelques mots du poète et le mystère d’un frémissement de musique m’apparaissaient soudain intimement apparentés. Le vers de Michaux comme révélateur d’une intuition musicale…

La matière sonore, harmonique, rythmique, de à la surface des fonds m’était venue de façon un peu inopinée alors qu’après un temps d’arrêt, une longue respiration, je voulais me remettre au travail de composition. Dirais-je pour autant que les fonds dont cette pièce est (pourrait être) la surface l’ont façonnée à mon insu ? Il m’a fallu du temps pour agencer tout cela. Composer est un travail. Un travail sans fin.

Après la création de cette œuvre assez brève, au printemps 2022, par Laurence Mekhitarian, et suite à un temps de réflexion, je l’ai, en effet, remise sur le métier. Il me fallait modifier, clarifier certaines choses. Elle a pris, alors, une tout autre tournure. Le titre s’est enrichi de quelques mots pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : au lointain proche de la surface des fonds.

Georges Deppe s’est emparé de cette partition, Thierry De Smedt a apporté ses micros et ses caméras, Guido Jardon nous a ouvert les portes de la salle de concert de l’Imep et il a mis à notre disposition un magnifique piano Steinway…

La nouvelle pièce a pu prendre vie. La voici.
Pierre Bartholomée – septembre 2024