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Introduction

Présentation du cours de harpe

Maria Palatine (Improvisation)

Citation 

Un musicien de jazz a répondu à la demande d’expliquer la différence entre composition et improvisation en dix secondes : « Pour dix secondes de composition, vous avez tout le temps du monde. Pour dix secondes d’improvisation, vous avez exactement … dix secondes ».

Introduction

Le cours d’improvisation qui peut se dérouler en groupe ou en cours individuel, veut réveiller l’imaginaire musical entre création, interprétation et arrangement ainsi qu’élargir les capacités d’appréhension de la musique en tant que pensée vivante. Une improvisation qui cherche à dépasser l’expérimentation pure ou le défoulement expressif – fût-il sincère et authentique – afin de viser une véritable qualité musicale, fait appel non seulement à l’imagination et au culot, mais à d’autres qualités comme le sens du développement, celui de la durée, des proportions, de la construction, l’avance d’une pensée musicale cohérente selon un axe ou un fil conducteur, la faculté de focaliser son attention, de se concentrer, de réaliser musicalement ses idées. La contrainte agit paradoxalement comme facteur de liberté, qu’elle soit une limite donnée au départ (par les circonstances, par les partenaires ou par ses propres capacités), ou qu’elle soit un choix délibéré.

Une musique qui a la force d’une création collective, dans laquelle chaque musicien a apporté, interrogé et creusé sa personnalité musicale et son positionnement par rapport à l’autre a l’étoffe d’une aventure musicale, mais aussi humaine. Suivant les disponibilités, les ambitions, la nature et le contexte de la rencontre, le format de l’atelier peut aller du simple week-end de découverte à un projet au long cours étalé sur une ou plusieurs années.

Quelques méthodes d’enseignement

  • Jeux de réactivité
  • Body percussion (avec et sans instrument)
  • Analyse de simples ballade de Jazz ou de Pop
  • Des jeux d’improvisation comme « call and response »
  • Traductions en musique de notions extra-musicales (histoire, ambiance, climat émotionnel, éventuellement en relation avec un texte, une image, une vidéo)
  • Exercices de rythme à la base de la langue parlée, méthode TaKeTiNa
  • Ecriture des « story-boards » pour une impro en groupe
  • Ajouter la voix parlée, chuchotée, récitante ou chantée comme un instrument en plus
  • Collaboration possible avec des artistes d’autres disciplines (danseurs, plasticiens, cinéastes, comédiens) pour partager leur expérience spécifique dans l’improvisation et pour une interaction avec une inspiration réciproque
  • Approche à la « minimal music » dont les moyens stylistiques sont très adaptés à l’improvisation
  • Analyse des improvisations pour développer la capacité à reconnaître (à un niveau élémentaire) des qualités morpho-typologiques du sonore (formes dynamiques, masse, grain, variation de timbre, etc….) ;
  • Elargissement de la technique instrumentale ou vocale dans la confrontation à d’autres modes de jeux (instrumentaux, vocaux, gestuels…)
  • Explorer des modes de jeu marginaux pour élargir la palette de moyen d’expression

Mes réflexions personnelles sur l’improvisation libre

Des musiciens avec un parcours classique sont parfaitement apte à improviser librement, car ils ont une large palette dans les différents moyens d’expressions (nuances, sonorité, tempi) ainsi que des capacités techniques très évoluées. Étant moi-même musicienne de formation classique, mais ayant toujours travaillé dans d’autres styles au cours de ma carrière professionnelle (world music, singer/songwriter, jazz (y compris free jazz), performance), je peux facilement comprendre les résistances à surmonter ce défi lorsqu’on veut aller au-delà de la simple interprétation. Lorsqu’il s’agit d’improvisation libre, j’évite le terme « enseignement », je parle plutôt d’initiation à la créativité personnelle et collective. En ce sens, les musiciens classiques peuvent tout à fait apprendre à prendre la liberté de percevoir leur propre intuition et de la suivre. L’improvisation libre mène au cœur de la musique, en dehors des mécaniques culturelles. Elle est acte d’introspection et de relation musicale avec les autres artistes en même temps.

Je me sens très en phase dans ma « mission » avec l’approche d’Alain Savouret, qui a créé la branche « improvisation générative » du Conservatoire de Paris. (A l’époque l’expression « générative » était choisie par souci de cohérence avec l’histoire électroacoustique que la démarche emprunterait pour une part. On pourrait aussi dire « l’entendre génère le faire ». Pour une compréhension générale, l’expression « improvisation libre » est peut-être plus appropriée.)

Je laisse la parole à Alain Savouret ici : « L’improvisation libre, c’est d’abord un entendre rigoureux ; ce n’est pas une affaire de doigts mais d’oreilles, c’est le pouvoir donné à l’oreille, j’ai parlé plus tôt d’une virtuosité de l’oreille à promouvoir. Et quand vous posez la question « quel but ? », la réponse a été donnée et éprouvée mille fois dans la classe : le but, c’est de mieux entendre le monde. »

Des retours d’étudiant.e.s :

« Sachez que ça m’a énormément plu car j’ai toujours eu peur de ça, et maintenant je sens que j’ose et que je prends même du plaisir ! De plus, l’improvisation mène à la composition également, et pour mon groupe c’est très utile 😉 Ce que j’ai adoré c’est quand on devait improviser toutes ensemble car j’avais vraiment ce sentiment de partage et d’écoute entre nous. De plus, ces moments d’impro collective généraient une sorte de transe que je trouvais vraiment intéressante, comme si on ne voulait pas que ça s’arrête. Et j’ai aussi beaucoup aimé quand d’autres instrumentistes sont venus nous rejoindre. »

« J’ai particulièrement aimé la dernière improvisation Blues, j’ai vraiment compris quel schéma utiliser pour composer une pièce dans ce style. »

« En quelques séances à peine, j’ai appris énormément, et maintenant, il m’arrive parfois d’improviser un peu pour le plaisir. J’ai vraiment apprécié le fait que le sujet soit à chaque fois différent car ça a permis de découvrir un grand nombre de choses. J’attendais avec impatience chacune de nos rencontres… J’ai aimé tous les thèmes, et particulièrement l’écriture d’une cadence. »

L’IMEP: la pratique au cœur de l’apprentissage!

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